Peur du regard des autres ou peur de soi?

Peur du regard des autres ou peur de soi-même?

3 avril 2024·

La peur du regard des autres est un thème qui revient fréquemment dans mes discussions avec mes clients (et que j’observe aussi souvent chez moi…).

Peur du regard des autres, peur du jugement, du rejet, de l’humiliation, de l’exclusion… Ce sont des manières différentes d’exprimer une même peur: celle de ne pas être accueilli ou accepté par les autres tel qu’on est.

Mais qu’en est-il réellement? Est-ce vraiment du regard des autres qu’on a peur ou d’autre chose? C’est ce qu’on explore dans cet article.

Poser les bonnes questions

Dire qu’on a peur du regard des autres, c’est rester en surface. En plaçant la source de notre crainte à l’extérieur de nous-même, on se rend impuissant. On se coupe des moyens de se libérer de cette peur pour pouvoir vivre libre.

Au contraire, s’affranchir de la peur du regard des autres exige qu’on se tourne d’abord vers l’intérieur et qu’on plonge profondément en soi-même pour observer et comprendre. On doit se poser les questions suivantes:

  • «De quoi ai-je réellement peur?»

  • «Qu’est-ce qui, dans le regard de l’autre, représente une menace pour moi?»

  • Si untel me jugeait, me critiquait, se montrait dur ou méprisant avec moi:

  • «Qu’est-ce que je ressentirais?» (honte, culpabilité, colère, l’impression de ne pas avoir de valeur…)

  • «Qu’est-ce que je penserais de moi-même?»

  • «Qu’est-ce que je me dirais à moi-même?»

  • «Quelle attitude est-ce que j’aurais envers moi-même?»

Se poser ces questions permet de ramener le focus à l’intérieur de soi. C’est essentiel, parce que tant que je pense avoir peur du regard ou du jugement des autres, je me sens démuni·e et impuissant·e. Je vis beaucoup d’anxiété, car je n’ai aucune prise sur la manière dont les autres me perçoivent. Je ne peux pas forcer quelqu’un à être correct ou bienveillant envers moi, ni à m’apprécier ou à reconnaître ma valeur.

Mais si je m’efforce de voir au-delà des apparences, je peux réaliser qu’en fait, quand j’affirme avoir peur du regard des autres, ce que je crains vraiment, ça n’est pas tant leur regard que comment je vais me sentir face à ce regard et ce que je vais en déduire à mon sujet.

Au fond, qui est notre pire bourreau?

Avez-vous déjà remarqué ce phénomène? Vous passez une bonne journée, vous vous sentez plutôt bien avec vous-même. Puis vous rencontrez une personne qui se montre désagréable avec vous. Une part de vous va peut-être se dire «Quel est son problème?», attribuant justement la responsabilité de son comportement à cette personne.

Mais souvent, dans un deuxième temps, d’autres pensées viennent s’insinuer. «Est-ce que j’ai fait ou dit quelque chose de mal qui l’a blessée? Est-ce que c’est à cause de moi qu’elle était comme ça?»

Puis le mécanisme se grippe encore un peu plus. On s’engage alors dans une spirale d’autoaccusation et de jugement de soi. «Je suis vraiment trop nul·le, je mets tout le temps les pieds dans le plat. Pourquoi est-ce que je suis incapable de dire ou faire ce qu’il faut? Ça n’est pas étonnant que les gens me fuient / me laissent tomber / me traitent mal!» etc.

D’un événement sans importance – il y a toutes les chances pour que la personne que vous avez croisé ait simplement été de mauvaise humeur –, on a fait une montagne si énorme qu’on finit par se sentir complètement écrasé, déprimé et découragé. «Je n’y arriverai jamais!»

Peur de soi-même

Donc en définitive, ce qui me fait peur dans le regard des autres, ça n’est pas tant leur jugement que mon propre jugement envers moi-même et les émotions douloureuses qui en résultent.

Selon les expériences que j’ai vécues et mes blessures émotionnelles, je peux avoir peur de ressentir de la honte (si j’ai souvent été la cible de moqueries) ou de la culpabilité (si on m’a souvent dit que ce qui arrivait était ma faute alors même que je n’y pouvais rien). Je peux avoir peur de me sentir inadéquat·e, nul·le ou «sans valeur», un être humain plus ou moins déficient à qui il manque quelque chose d’essentiel pour être «assez». Au fond, j’ai peur que l’attitude des autres à mon égard valide ma croyance que je ne suis pas assez bien.

Et malheureusement, chez beaucoup d’entre nous, cette croyance est fermement établie. Nous l’avons – involontairement et inconsciemment – acceptée comme vraie depuis longtemps. La plupart du temps, elle reste en veilleuse, comme un feu qui couve juste en dessous de la surface de notre conscience. Mais il suffit souvent d’un rien – un regard ou une parole mal interprétés – pour que le feu reprenne et dévore tout sur son passage.

La spirale infernale

Lorsque ça se produit, je deviens mon propre juge et bourreau, m’accusant des pires torts. Je m’en veux à tel point que je vais me dire des paroles blessantes, me rejeter. Dans les cas les plus graves, je peux même en arriver à me maltraiter physiquement! Et tout ça, bien sûr, ne fait qu’aggraver la souffrance déjà présente…

Puisque mes croyances les plus ancrées façonnent ma réalité, ces comportements autodestructeurs vont générer encore plus de jugement autour de moi, d’attitudes désobligeantes de la part des autres… et de souffrance.

Tant que je n’arriverai pas à voir que c’est finalement moi qui suis à l’origine de ce cycle infernal qui génère de tant de souffrance, j’aurai l’impression d’être pris·e dans une spirale sans fin dont je ne peux pas m’échapper. Je ne réaliserai pas qu’en réalité, c’est moi qui détiens la clé pour en sortir.

C’est par où la sortie?

C’est un fait: je ne peux pas contrôler le regard que les autres portent sur moi ni leur attitude à mon égard. Par contre, ce que je peux faire, c’est réaliser un travail intérieur. Je peux apprendre à transformer les pensées que j’entretiens à mon sujet, la vision que j’ai de moi-même et les ressentis, croyances et comportements qui en résultent.

Réaliser cela me redonne du pouvoir personnel. Je retrouve enfin la capacité d’agir pour me sortir de ce piège infernal.

Comment se libérer de la peur et de la souffrance

1. Comprendre

La première étape pour me libérer est de réaliser la nature de ma peur. «Au fond, j’ai peur de mes attitudes dures envers moi-même et de mes ressentis douloureux, et non du regard de l’autre.»

Je peux ensuite chercher à définir plus précisément ces ressentis1. Ai-je peur de ressentir de la honte, de la culpabilité, de la colère, l’impression de ne pas avoir de valeur, de ne pas être assez bien? Autre chose?

Quels sont les déclencheurs qui provoquent ces émotions? S’agit-il de personnes ou d’événements particuliers? Quel rôle mon état émotionnel du moment joue-t-il là-dedans? Quelles sont les pensées qui surgissent dans ces moments-là? Quels comportements est-ce que j’adopte?

L’objectif ici est d’observer et de comprendre le mieux possible les processus en jeu afin qu’ils deviennent conscients. Une croyance inconsciente a un immense pouvoir sur nous. Une fois qu’on la voit en face, elle perd de sa force et on peut plus facilement s’en libérer.

1 Il n’est pas toujours facile de mettre des mots sur les émotions que nous ressentons et d’identifier nos blessures. Pour vous aider dans cette démarche, je vous recommande par exemple l’excellent ouvrage de Lise Bourbeau «Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même».

2. Accepter

Une fois que je les ai identifiés, je peux ensuite apprendre à reconnaître et accepter ces sentiments chez moi. Après tout, ils font partie intégrante de l’expérience humaine. Chacun·e d’entre nous les ressent à un moment ou à un autre.

Au début, cette étape peut être compliquée, car notre tendance naturelle est plutôt de vouloir fuir ces sentiments douloureux. Faire face à ses plus grandes blessures est loin d’être une partie de plaisir et demande beaucoup de courage.

Mais c’est un passage obligé si on veut trouver la vraie liberté – celle d’être pleinement soi-même. Tant qu’on s’efforce d’éviter la souffrance, on continuera de se sentir mal à l’aise face au regard des autres, perçu comme une menace. On mettra en place des stratégies de défense ou d’évitement qui ne feront qu’accentuer le problème.

C’est seulement à partir du moment où on accepte d’y faire face que l’on peut enfin commencer à guérir.

3. Se libérer

Voici quelques pratiques qui peuvent aider à se libérer progressivement de ces blocages:

La pause d’autocompassion

La pause d’autocompassion est une pratique très utile pour faire face aux émotions difficiles. Elle se déroule en 3 étapes:

  1. Prendre un moment pour reconnaître ce que je vis dans l’instant et nommer les sentiments douloureux qui sont présents.
  2. Me rappeler que c’est normal d’avoir ces ressentis, tout simplement parce que je suis humain·e. Et reconnaître que d’autres personnes dans ma situation ressentiraient probablement la même chose.
  3. M’accorder ce dont j’ai le plus besoin sur le moment: soutien, réconfort, compréhension, bienveillance, une activité qui me fait du bien, un moment pour moi…

Pour apprendre à pratiquer la pause d’autocompassion, vous pouvez vous aider d’un audio (voir par exemple sur mon site). Une fois que vous en aurez intégré le principe, cette pratique toute simple ne vous prendra que 2 ou 3 minutes. C’est un court instant, et pourtant vous constaterez que cela peut suffire à transformer radicalement votre état intérieur!

Libérer les émotions bloquées

Lorsque nous vivons des expériences difficiles, nous pouvons – inconsciemment et involontairement – bloquer des émotions.

Les émotions bloquées sont des émotions qui n’ont pas pu s’exprimer normalement. Elles étaient peut-être trop fortes, ou alors on ne s’est pas donné le droit de les ressentir. Ainsi, au lieu de se résorber naturellement, elles se retrouvent comme cristallisées quelque part dans le corps.

Les émotions bloquées peuvent être à l’origine de troubles physiques, émotionnels ou comportementaux. Si on a bloqué plusieurs émotions de honte, d’humiliation, d’abandon, de rejet, de «sans valeur»…, cela peut nous rendre très susceptible au regard des autres, car on aura peur de réactiver ces émotions douloureuses et de ressentir à nouveau la souffrance associée.

En libérant peu à peu les émotions bloquées, on devient de moins en moins réactif. Ainsi, on augmente notre seuil de tolérance aux paroles et attitudes critiques des autres à notre égard.

Une méthode simple et efficace pour libérer les émotions bloquées est le Code des émotions. Vous pouvez le pratiquer vous-même en suivant les instructions données dans le livre du Dr Bradley Nelson ou en travaillant avec un·e praticien·ne certifié·e (voir la page dédiée).

Travailler avec ses «alliés spirituels»

Une pratique très utile pour travailler sur ces blessures profondes et anciennes est de faire appel à ceux que j’appelle nos «alliés du monde spirituel». Pour ma part, je n’ai pas besoin de savoir exactement de qui il s’agit – guides, ange gardien, Soi supérieur, Univers, archanges… Je considère que c’est du pareil au même, puisqu’en fin de compte, il y a une seule Conscience.

Chaque matin, je fais une méditation de 15 minutes. Régulièrement, selon ce qui est présent pour moi sur le moment, je demande à mes alliés spirituels de m’aider à me libérer et à guérir.

Au début et selon les jours, les ressentis peuvent être assez discrets. Mais avec le temps, on devient de plus en plus conscient de leur présence et on perçoit l’intensité du travail qui est réalisé.

C’est une pratique très puissante pour avancer sur notre chemin de guérison et de libération.

Travailler avec sa sagesse intérieure

Une autre méthode que j’apprécie particulièrement pour travailler sur les blocages intérieurs s’appelle «Nourrir ses démons». Dérivée du bouddhisme, elle consiste à visualiser un blocage interne – ou «démon» dans la terminologie de la méthode – sous la forme d’un être extérieur à soi. En lien avec le sujet qui nous intéresse ici, un «démon» pourrait par exemple être la «peur du regard des autres».

Une fois qu’on voit ce «démon» en face de soi, on dialogue avec lui et on lui demande de quoi il a besoin pour se sentir mieux. Il peut répondre qu’il a besoin de confiance, de force, de paix, d’acceptation… Ensuite, on le nourrit avec cela et on observe sa transformation.

Une fois rassasié, le «démon» se transforme en «allié». Cet allié, qui est en fait un aspect de notre sagesse intérieure, peut alors nous transmettre son énergie et nous aider ainsi à nous libérer de nos blocages.

Si vous souhaitez pratiquer, vous trouverez une description de la méthode dans le livre «Nourrir ses démons» de Tsultrim Allione.

Autres techniques

Quelques autres techniques qui peuvent aider à se libérer de ses blocages:

  • La PNL (programmation neuro-linguistique) et l’hypnose, qui permettent de travailler sur les croyances.
  • Les soins énergétiques agissant sur les émotions comme les Fleurs de Bach ou l’EFT (Emotional Freedom Technique).

  • La psychothérapie.

En résumé

La peur du regard des autres est en réalité la peur de se juger soi-même et de ressentir certaines émotions douloureuses. Ces émotions ne sont pas provoquées directement par les paroles et attitudes des autres à notre égard, mais par notre propre interprétation et les croyances qui en découlent.

S’il est vrai que nous n’avons aucune prise sur comment les autres nous regardent, nous pouvons par contre apprendre à gérer ces émotions douloureuses. Les comprendre et les accepter nous permet de nous en libérer progressivement. Ainsi, nous pouvons ensuite faire face plus sereinement au regard des autres, quel qu’il soit.

Tant qu’on porte en soi des blessures de honte, de culpabilité, de non-reconnaissance de notre valeur etc., il est très douloureux de se sentir jugé·e négativement.

Guérir ces blessures nous permet de nous reconnecter avec notre force intérieure et de (re)trouver le sens de notre valeur personnelle. Ainsi, nous arrivons à nous détacher plus facilement de ce que les autres pensent de nous.

Réaliser ce travail de fond nous permet finalement d’atteindre la seule vraie liberté qui soit: celle d’être pleinement soi-même, dans toute son authenticité, sans chercher à s’adapter pour plaire ou à cacher des aspects de soi qui pourraient déranger.

Et en fin de compte, n’est-ce pas le plus beau cadeau qu’on puisse s’offrir?

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À propos de l'auteur

Christel

Praticienne du Code des Émotions · Conseillère en Fleurs de Bach · Praticienne d'hypnose régressive quantique (QHHT)

Je vous accompagne sur votre chemin vers la libération et la guérison émotionnelles et la reconnexion avec votre Soi supérieur.