Autocompassion - Devenir son propre allié

Autocompassion… ou comment devenir un ami pour soi

27 mai 2022·Catégories : Autocompassion, Développement personnel·9,4 min de lecture·

Avez-vous déjà remarqué à quel point, en tant qu’être humain, on peut être dur avec soi-même? Nous avons tendance à nous montrer bien plus tolérants, compréhensifs et bienveillants envers les autres qu’envers nous-mêmes…

Réfléchissez à cela: comment réagissez-vous lorsqu’un être proche connaît des difficultés? Est-ce que vous le regardez avec mépris, en lui reprochant de ne pas être à la hauteur et en lui disant qu’il n’a que ce qu’il mérite? Certainement pas! En fait, c’est même plutôt l’exact opposé, non? Vous êtes sincèrement heureux de pouvoir lui offrir soutien et réconfort.

Alors qu’est-ce qui vous empêche de faire la même chose pour vous-même? Et existe-t-il un moyen de changer cela? Ce sont les sujets que je vous propose d’aborder dans cet article.

Pourquoi est-ce si difficile d’avoir une belle relation avec soi?

L’explication remonte principalement à l’éducation que la plupart d’entre nous avons reçue. Dans la culture occidentale, on apprend très tôt à se montrer respectueux et bon envers les autres… mais nettement moins envers soi! À vrai dire, c’est même plutôt le contraire: se témoigner de la bienveillance ou de la gentillesse est souvent mal perçu et confondu avec de l’égocentrisme, voire du narcissisme…

Critique intérieurDès notre plus jeune âge, nos parents et nos éducateurs nous inculquent des valeurs comme la politesse, l’entraide, le respect d’autrui, la compassion… Lorsque nous grandissons, ces comportements sont toujours fortement encouragés et valorisés. Mais si nous osons nous offrir la même chose, nous avons alors de fortes chances d’être taxé d’égoïste et d’égocentrique!

C’est ainsi que nous finissons par apprendre que se traiter bien soi-même, c’est mal. Dur après ça de nous autoriser à répondre à nos propres besoins et de nous offrir le soutien, l’empathie ou la gentillesse dont nous avons besoin!

Et puis, nous avons aussi l’exemple des adultes de notre entourage, qui ont eux aussi appris à être excessivement durs et exigeants avec eux-mêmes et qui nous montrent la voie…

Se traiter soi-même de manière respectueuse et compatissante nécessite donc un véritable apprentissage. Et avant d’y parvenir, il nous faut d’abord nous libérer de nos conditionnements acquis et (re)découvrir un nouveau mode d’interaction avec soi.

C’est là que l’autocompassion entre en scène…

Bienveillance envers soiHeureusement, une nouvelle manière d’entrer en relation avec soi a progressivement fait son apparition ces dernières années. Cette voie, c’est celle de l’autocompassion.

Issue du bouddhisme, cette pratique enseigne à s’accorder à soi-même respect, compassion et bienveillance. Peu connue en Occident jusqu’il y a une dizaine d’années, l’autocompassion a pourtant le pouvoir de transformer radicalement notre relation avec nous-même et, par extension, notre vie! Les nombreuses études réalisées ces dernières années sur ce sujet ont permis de démontrer les grands bénéfices de sa pratique.

Kristin Neff et Chris Germer, tous deux psychologues américains et co-fondateurs du Center for Mindful Self-Compassion, sont des pionniers dans ce domaine. Par le biais de leurs ouvrages respectifs (voir références dans la bibliographie) et des cours qu’ils proposent, ils ont largement contribué à faire connaître l’autocompassion auprès du grand public.

Hum… L’autocompassion, est-ce vraiment si bien que ça?

Pour beaucoup de gens, l’autocompassion a une connotation négative. Certains la comprennent comme étant de l’égoïsme et de l’égocentrisme. D’autres s’imaginent qu’en faisant preuve d’autocompassion, ils vont se laisser aller à de l’indulgence excessive envers eux-mêmes et devenir faibles. Ou encore basculer dans la paresse et ne plus faire d’effort pour chercher à se dépasser et réaliser leurs objectifs.

S'aimer tel qu'on estEn réalité, l’autocompassion n’a rien à voir avec tout cela! Elle est simplement une manière d’entrer en relation avec soi différente de celle dont nous avons l’habitude. Elle consiste à s’offrir acceptation, tolérance et compassion. Non seulement pour soi, mais aussi pour nos erreurs, nos imperfections, nos faiblesses… Elle nous invite à accueillir nos expériences, émotions et sentiments – difficiles comme agréables – avec la même ouverture et compréhension que nous le ferions si c’était ceux d’un proche ami.

En résumé, la pratique de l’autocompassion ne fait pas disparaître les difficultés et les défis de la vie, mais elle nous permet d’être mieux équipés pour y faire face!

Quels bénéfices offre la pratique de l’autocompassion?

Comme de nombreuses études l’ont démontré, la pratique régulière de l’autocompassion a le pouvoir de transformer profondément notre vie. Voici une liste – non exhaustive – de ses principaux bénéfices:

  • Réduction du stress et de l’anxiété.

  • Atténuation des symptômes dépressifs.

  • Diminution des sentiments de honte et d’inadéquation (impression de ne pas être assez bien).

  • Amplification du sentiment de bonheur.

  • Accroissement de la confiance en soi et de la satisfaction générale.

  • Meilleure santé physique.

La pratique de l’autocompassion est-elle pour vous?

Pour comprendre en quoi l’autocompassion peut vous aider dans votre quotidien, je vous propose de faire le petit exercice suivant. Remémorez-vous une expérience difficile que vous avez vécue dernièrement. Cela peut être un conflit avec un proche, une erreur que vous avez commise, une déception… Choisissez une situation qui ne vous cause pas de souffrance excessive: le but n’est pas que vous vous sentiez submergé·e par la douleur.

Commençons par un peu d’observation et d’introspection

Posez-vous les questions suivantes en lien avec cet événement:

  • Comment ai-je vécu l’expérience en question? Quelles émotions y étaient associées?

  • Quelles ont été mes pensées en lien avec l’événement? S’agissait-il de pensées d’acceptation ou, au contraire, de lutte ou de révolte?

  • Ai-je su écouter et m’apporter ce dont j’avais besoin? Par exemple de la reconnaissance et de l’empathie (« C’est vraiment difficile, ce que tu vis là, je comprends ta souffrance. »), ou du réconfort et du soutien (« Je suis là pour toi, pour te soutenir et t’épauler. »)…

  • Ai-je accueilli mes émotions (colère, tristesse, culpabilité, déception…) en les acceptant pour ce qu’elles étaient? Ou ai-je plutôt cherché à les éviter et à les étouffer en recherchant des distractions (TV, réseaux sociaux…) ou en utilisant d’autres moyens pour ne pas les ressentir (nourriture, alcool, drogues…)?

  • Comment la stratégie que j’ai adoptée m’a-t-elle fait me sentir? Est-ce qu’elle m’a permis de « digérer » l’expérience? De l’accepter pour pouvoir en retirer un apprentissage qui me sera utile pour la suite? Ou a-t-elle servi au contraire à enfouir l’expérience le plus loin possible de ma conscience, là où je n’aurai pas à faire face à des émotions et sentiments douloureux?

La manière dont nous réagissons aux situations difficiles de notre vie en dit long sur la manière dont nous nous traitons nous-mêmes, sur notre perception et notre niveau d’appréciation de soi…

En fin de compte, c’est en s’autorisant à vivre l’expérience et les émotions difficiles qui l’accompagnent que nous pouvons obtenir la guérison. Au contraire, si nous la refoulons, nous nous exposons au risque de souffrir encore plus…

Et si c’était arrivé à votre meilleur·e ami·e?

Maintenant, imaginez que ce soit un ami proche qui ait vécu la même situation. Comment auriez-vous réagi? Lui auriez-vous dit (comme nous nous le disons souvent à nous-mêmes intérieurement) «Allez, c’est pas grave, tu vas pas en faire une montagne! OK, c’est rude, mais ça n’est pas la fin du monde! Maintenant, bouge-toi et passe à autre chose, ça devient pénible de t’entendre pleurnicher comme ça!».

Devenir son propre meilleur amiIl y a fort à parier que si vous parliez comme ça à votre ami, il le ressentirait comme de l’insensibilité, voire de l’agression, et qu’il le prendrait très mal. Et ça ne l’aiderait certainement pas à se sentir compris et soutenu! Pourtant, c’est souvent comme ça que nous accueillons nos propres ressentis de souffrance. Avec mépris et colère envers ce que nous considérons comme de la faiblesse et de l’incapacité à gérer la situation.

Quelle est l’alternative?

C’est là que la pratique de l’autocompassion fait son entrée et prend tout son sens. Au lieu de réagir comme nous avons appris à le faire, nous suivons une démarche différente.

  • Tout d’abord, nous prenons un moment pour reconnaître notre souffrance: «C’est difficile, ça fait mal.»
    C’est la première composante de l’autocompassion: la pleine conscience.

  • Ensuite, nous reconnaissons que nous ne sommes pas seul à vivre ce genre de difficultés et que d’autres êtres humains traversent la même chose: «D’autres personnes dans la même situation se sentiraient aussi mal. C’est normal, ça fait partie de la condition d’être humain.»
    C’est la deuxième composante de l’autocompassion: l’humanité commune.

  • Enfin, nous cherchons à nous apporter ce dont nous avons le plus besoin. Cela peut être simplement s’offrir des mots de réconfort: «Oh, mon cœur, je suis désolée que tu souffres comme ça. Je suis là si tu as besoin de moi.». Ou alors s’accorder une activité bienfaisante (balade dans la nature, bain chaud, écrire ce que l’on ressent…).
    C’est la troisième composante de l’autocompassion: la bienveillance envers soi.

À noter que l’objectif premier de la pratique de l’autocompassion n’est pas de chercher à se sentir mieux et à faire disparaître la souffrance. Au contraire, le but est de l’accueillir et de se donner ensuite ce dont on a besoin à cet instant. Mais ce qui est un peu magique là-dedans, c’est que quand on prend le temps de réaliser ces 3 étapes, on constate en général qu’on se sent réellement mieux après!

En conclusion

J’espère que vous avez maintenant une idée plus précise de ce qu’est l’autocompassion et de ce qu’elle peut vous apporter. Je vous suggère de tester la démarche proposée ci-dessus la prochaine fois que vous rencontrerez une difficulté et d’observer ce que cela fait en vous. Est-ce que vous vous sentez mieux ou plus mal après avoir pris cet instant de pause?

Si vous souhaitez en apprendre plus sur le sujet de l’autocompassion, je vous recommande les livres de Kristin Neff et de Chris Germer (références dans la bibliographie).

Et si vous désirez expérimenter et apprendre à pratiquer l’autocompassion, j’offrirai prochainement un programme intitulé «22 jours pour développer et apprendre à pratiquer l’autocompassion»? Si vous souhaitez être informé·e du lancement, vous pouvez vous abonner à la newsletter.

Bibliographie

[1] Neff Kristin, S’aimer: Comment se réconcilier avec soi-même, 2013, Éditions Belfond (Paris). Acheter à la FNAC Suisse.

[2] Germer Christopher K., L’autocompassion: L’indulgence avec soi-même, 2013, Éditions Odile Jacob (Paris). Acheter à la FNAC Suisse.

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À propos de l'auteur

Christel

Praticienne en soins énergétiques · Formatrice · Coach

Je t’accompagne sur ton chemin vers la réconciliation intérieure, la libération émotionnelle et la transformation personnelle.

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